Un 44e Stage d'Hiver de Karaté / Kobudo
après 50 ans de pratique Budo de Shihan Habersetzer

 
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Ce fut un évènement ! 1957-2007, c'est (déjà) un temps plus que respectable sur la Voie des arts martiaux. Et les élèves du Shihan étaient venus encore plus nombreux que d'habitude à Strasbourg-Eschau pour commémorer cet anniversaire, qui fut fêté à l'occasion du stage d'hiver traditionnel (un rendez-vous incontournable pour les membres de l'association " Centre de Recherche Budo " et ce depuis ... 1963 !). Car le Kan-geiko cuvée 2007 avait quelque chose de spécial en plus : il venait au bout d'un demi siècle de pratique ininterrompue pour Shihan Habersetzer, encore et toujours, à regarder progresser sous sa direction des milliers d'élèves depuis l'ouverture de son premier Dojo à Strasbourg en 1962, ce qui n'est pas rien. Il n'en existe plus beaucoup de sa génération, qui continuent à mouiller leur keikogi avec autant de constance. Avec la même passion et la même force de persuasion. Après tant et tant de livres qui ont fait le tour du monde (Roland Habersetzer en a écrit et illustré lui-même plus de 70 ... un record absolu dans le domaine), après tant et tant de stages un peu partout dans le monde. On comprend, à la lecture de ses " avant-propos " dans son dernier ouvrage " Tengu, ma voie martiale ", Editions Amphora, en librairie), qui vient de paraître pour marquer cet événement, ce qu'a été ce long cheminement, constant et acharné, avec cette touche d'extrême dans la démarche qui est la marque des grands Shihan (maîtres d'armes, en langue japonaise). Et on ne peut que rendre hommage à tant de respect et de fidélité à des valeurs qui l'ont inspiré dès ses premiers pas sur les tatamis, à l'automne 1957. Ils furent cette fois 120 karatékas à venir, de France, de Belgique, d'Allemagne, de Suisse, de la Californie, du Canada, de Russie, pour ce week-end des 15 et 16 décembre 2007, pour travailler encore et encore sous sa houlette, au cours d'une nouvelle leçon magistrale, et aussi lui dire merci pour tant d'années de dévouement aux valeurs véhiculées par les arts martiaux traditionnels. Une passion qui l'a toujours accompagné, en marge de son métier de professeur d'histoire et de géographie.

Le ton fut donné dès samedi matin à 9 heures, début du stage. Faisant suite au salut, le Shihan expliqua qu'une fois encore ce stage serait entièrement orienté vers l'ART MARTIAL. Qu'il ne s'agirait pas d'un week-end " sportif ", avec des entraînements classiques. Parce qu'il situait Tengu-no-michi au-delà des techniques, qu'il s'agissait dans son esprit d'un concept, d'une manière d'être, donc d'une voie, qui englobe ces techniques et les dépasse ... Dans le sens où art martial est technique (mais il faut lui redonner un vrai sens) mais aussi et surtout éthique (avec l'apprentissage d'un comportement dans et aussi hors du Dojo). Le style de Karaté de celui qui fut l'un des pionniers français en la matière a évolué vers une pratique physique et comportementale qui interpelle aujourd'hui fortement tous ceux qui sont préoccupés par une certaine montée de violence dans notre société. Le but de cette rencontre traditionnelle, certes très différente de ce qu'elle était dans ses trente premières éditions où on en restait aux Kihon et Kumite classiques, serait, prévint encore Sensei, d'apprendre à vivre " en situation " les techniques (gestuelles Karaté ou Wu-shu) déjà connues (même plus ou moins bien, ou plus ou moins simples), de les placer en situations tactiques, sous forme de " drills ", ou modules d'entraînements réalistes. Avec toujours en toile de fond les notions de " Réalisme - Efficacité - Contrôle ". Et de démarrer aussitôt très fort sur un entraînement à la réactivité, avant même que de disposer de la plénitude des moyens que l'on peut avoir au Dojo après un temps de préparation et d'échauffement. Ce qui change pas mal les choses dans le monde " réel " ... Le stage fut donc dans sa plus grande partie orienté sur les pistes de travail ouvertes dans le nouveau livre " Tengu, ma voie martiale ", en fait depuis plusieurs années déjà abordées et partiellement enseignées par Sensei dans les Ecoles des Cadres du " Centre de Recherche Budo-Institut Tengu ". Mais il y eut aussi, comme d'habitude, le retour sur des Koshiki-kata traditionnels tels Rokkishu, Happoren, Sochin et Unsu, représentant les précieuses racines de l'évolution du Karaté jusque vers ce Tengu-ryu Karatedo désormais enseigné par Shihan Habersetzer.

En clôture de la première journée de stage et après sa démonstration du " Tengu-no-kata " en compagnie de Jacques Faieff et Alex Hauwaert, ses plus anciens Experts, suivi de la toute première présentation publique de son " Tengu Goshin-no-kata " en compagnie de Jean Claude Bénis, Sensei dit toute son émotion dans son allocution avant de lever le verre de l'amitié au cours d'un vin d'honneur et de remercier toutes et tous de leur fidélité et leur assiduité sur la Voie. Avec une mention spéciale pour le Comité Directeur et les Experts qui avaient si bien organisé les choses. Sensei n'en finissait plus d'ouvrir des cadeaux choisis ou réalisés avec délicatesse à son intention. Séance photos et séance de dédicaces accompagnèrent l'évènement dans la convivialité en usage au CRB, particulièrement présente ce soir là.

On reprit bien entendu dimanche matin, très fort ... Les Kobudo (Tengu-ryu Kobudo) furent également présents, dans deux ateliers magistralement dirigés par Siegfried Hübner et Helmut Götz. Comme à l'habitude, on eut donc droit sur ces deux jours à un programme technique dense et serré, puisant aussi bien dans le registre des techniques et des Katas classiques que dans les nouvelles pistes de travail mises au point par le Maître dans le cadre de sa propre " Voie Tengu ", un programme que l'on mettra des mois à " digérer " avant de se retrouver en mai l'an prochain (45e stage de printemps, les 17 et 18 mai, week-end de Pentecôte) ...

Tout avait été fait pour que ce stage commémoratif corresponde également à un autre temps fort : une remarquable exposition des oeuvres sur le thème des arts martiaux japonais et chinois du peintre russe Feodor Tamarsky, qui avait tenu par amitié pour Sensei Habersetzer à être présent pour lui remettre, au nom du " Centre de Recherche Budo-Institut Tengu ", une peinture spécialement réalisée pour lui sur le thème de sa " Voie Tengu " .... Un nombreux public extérieur au stage s'était déplacé samedi après-midi (et encore dimanche matin) pour apprécier une vingtaine d'autres oeuvres exceptionnelles amenées par cet artiste hors du commun.

Deux mois après le très beau stage dirigé par les Sensei Ohtsuka Tadahiko et Kazuko, et leurs assistants, ce stage d'hiver conclut une saison qui fut particulièrement riche d'activités au CRB. Preuve flagrante, si besoin était, de la force que peut donner l'indépendance d'une association se battant pour la liberté de vivre selon ses propres valeurs et sans rien devoir à personne. Personne ne regretta un seul instant, lorsqu'il fallut se quitter dimanche pour les longues heures de route de retour (ou de vol pour certains, partant seulement les jours suivants), le travail et le courage qu'exigeait l'affirmation d'une telle liberté ! Le 44e Kan geiko de Strasbourg fut un grand moment, dans l'effort, l'émotion, le souvenir et la convivialité ...... Il fallait en être ... Mais c'est déjà reparti pour 2008 !

à lire :

Interviews de Shihan Habersetzer à l'occasion du Kan-geiko,
parues dans la presse alsacienne

  
Une phase du Tengu Goshin Kata par Shihan Habersetzer et Jean Claude Bénis

 


L'œuvre réalisée par Feodor Tamarsky pour Shihan Habersetzer

 

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