Echos du 38 ème KAN-GEIKO de STRASBOURG (1 et 2 décembre 2001) ...

Quel souvenir en garderons cette fois les Karatékas qui avaient fait le déplacement traditionnel à Strasbourg ? A nouveau, ils étaient (presque) tous venus, entre Atlantique et Oural ... D’abord qu’ils s’y sont retrouvés une fois de plus à 120, dans un gymnase qui saturait en raison d’un travail très dynamique orchestré par Sensei Habersetzer, et qu’il n’y eut aucun flottement dans la progression sur ces deux jours, aucun temps mort dans un programme comme à l’habitude éclectique et chargé : techniques de base, combinaisons de combat, travail “en situation” (Tengu) sur des axes pluridirectionnels, travail des sensations, Kata Meikyo, Jiin, Happoren et Rokkishu, après révision des 3 Tekki, et, bien sûr, quelques séries des Kumite-kata créés par le Sensei ... Le dimanche après-midi fut consacré en grande partie aux Kobudo (Sai et Bo). Une nouvelle fois, un week-end qui a passé très vite en excellente compagnie de Budokas passionnés, encadrés par Sensei, ses Experts Jacques et Alex et, pour la partie Sai et Bo, Siegfried, Helmut, Franz et Peter, les gradés allemands en Kobudo. Tous les Dojo français, belges, allemands et suisses du CRB étaient représentés.

On s’est particulièrement réjoui de la présence, cette année encore, d’une délégation russe de hauts gradés, puisque Evgueni Besrutchko avait fait le déplacement depuis le lointain Oural et Roman Nasirov était venu pour la seconde fois de Moscou (où Sensei Habersetzer devrait se rendre pour un nouveau stage dans la seconde moitié d’avril 2002 pour y développer la présence du CRB). Nick, cette fois, ne put venir du Canada, mais avait déjà prévenu : il y aura bien une délégation canadienne au Kan-geiko 2002 ... 

Le temps passe, et tout va si vite : cela ne fera jamais que le 39 ème Stage d’Hiver (un par an) dirigé par le Président du CRB, les 30 novembre et 1er décembre 2002 ! Si tout va bien, on y refera peut-être la passerelle entre le Québec et l’Oural ...

Vie du CRB  -  Page d'Accueil

 

40 ans de “ceinture noire” pour Roland Habersetzer ...

“Ceinture noire”, un rêve pour tout pratiquant d’art martial japonais ... un objectif pour celui ou celle qui a décidé d’aller jusqu’au bout, d’y mettre le temps, mais d’y arriver, un jour ... Un rêve vécu depuis 40 ans maintenant pour le fondateur du “Centre de Recherche Budo”, exactement depuis le 29 décembre 1961, à l’issue d’un stage au célèbre Dojo de la Montagne Ste Geneviève, à Paris, où se formaient alors les cadres et enseignants Karatékas venus de toute l’Europe, et aussi d’Afrique. Il avait alors 19 ans, et était le plus jeune 1er Dan de France. Quelque chose que l’on ne peut pas oublier ...

Dans la foulée, il fonda dès octobre 1962 la Section Karaté du Strasbourg Étudiant Club, premier club de Karaté des 6 départements de l’Est de la France, affilié à la Fédération (Ce club devint par la suite la section Karaté du Strasbourg Université Club, Dojo qu’il dirigea jusqu’en 1993 avant de s’en démarquer en raison de certaines dérives pour fonder aussitôt le “Dento Budo Dojo”, toujours à Strasbourg). C’est donc depuis 40 ans qu’il n’a cessé d’enseigner avec fougue et passion, formant les premiers cadres des Dojo alsaciens et lorrains, ceux de deux bonnes générations précédents leurs dirigeants actuels, et toujours en sus de son métier d’enseignant d’Histoire et de Géographie au Lycée d’Obernai.

Délégué de la Fédération (il s’agissait alors de la Section Karaté de la “Fédération Française de Judo et Disciplines Assimilées”) pour la Ligue de l’Est pendant une dizaine d’année, se dépensant sans compter à organiser stages techniques comme championnats, enseignant progressivement dans de nombreux pays où ses premiers ouvrages l’avaient déjà déjà largement fait connaître, Roland Habersetzer gravit lentement l’échelle des grades. On le trouve 2ème Dan le 20 avril 65, 3ème Dan le 1er décembre 1969, 4ème Dan le 22 juin 1972. Une année tournant ...
Là en effet, décidément déçu par l’orientation exclusivement sportive de ce qui était entre temps devenu la FFKAMA (“Fédération Française de Karaté et d’Arts Martiaux Affinitaires”), et conforté dans son idée d’un Karatedo plus authentique dès son premier voyage au Japon, il décida de bifurquer définitivement vers une nouvelle dimension de pratique et de progression. Nommé 5ème Dan le 12 décembre 1973 par Sensei Tsuneyoshi Ogura,10ème Dan (qui fut d’abord adulé puis injustement décrié en France en raison de ses positions traditionalistes), il fut confirmé dans ce grade par la Fédération Française en 1978 (alors qu’il s’en était déjà séparé pour former son “Centre de Recherche Budo” sur une structure tout à fait indépendante). Mais sa progression se fit désormais, par choix délibéré, dans le seul cadre japonais, au contact de Sensei de renom (Ogura, Otsuka, Matayoshi, Toguchi, et quelques autres ...) qu’il fit régulièrement venir à Strasbourg ou qu’il revit lors de ses séjours au Japon : 6ème Dan japonais en 1980, on le retrouve avec le 7ème Dan le 16 octobre 1982 (après un examen- démonstration publique à Strasbourg devant Me Ogura) puis un 8ème Dan obtenu le 25 avril 1992 au Japon, à l’âge de 50 ans (l’âge plancher pour la délivrance de ce grade dans le système traditionnel japonais).

Dans le même temps, faut-il le rappeler ici, 67 ouvrages publiés entre 1968 et 2001 l’ont largement fait connaître dans les pays de langue française (et même dans beaucoup d’autres, tant ses dessins minutieux se sont avérés “lisibles” ... et faciles à copier !) pour son talent pédagogique, le sérieux de ses travaux, la qualité de ses recherches, ses positions sans complaisance dans un “monde Budo” de moins en moins ... “Budo” ! S’y ajoutèrent quantité d’articles, le tout faisant de Sensei Habersetzer le premier auteur sur les arts martiaux dans le monde (mais “nul n’est prophète dans son pays” ...) avec un éventail de sujets allant des manuels de grande vulgarisation aux sujets les plus pointus réservés aux chercheurs (ainsi cette “Encyclopédie des Arts Martiaux” parue en 2000, et qui surprit plus d’un  ...). Le tout réalisé avec une rare constance d’orientation et une position sans compromis, qui lui ont valu bien des oppositions et des tracas mais que même ses adversaires (impossibles à éviter quand on est “entier”  !) lui reconnaissent. Une incroyable volonté de faire partager cette passion, de mettre à la disposition de tous les trésors contenus dans les arts martiaux vécus et transmis en tant que véhicules culturels, à travers des centaines de stages à travers le monde.

Un combat passionné engagé au premier jour (“Écrits sur les Budo”, publié dès 1973, en donne une idée...), une véritable obsession du combat sous toutes ses formes, dans le concept précis d’ une pratique de “l’arme” en “défense seulement”, comme rempart de la liberté et de la survie de l’individu responsable. Une fantastique aventure partie un jour de 1957 d’un petit Dojo de Judo de Huningue, dans le sud de l’Alsace ...
40 années déjà à porter la “ceinture noire”, à réaliser une oeuvre qui parle d’elle-même, menée sans battage et sans appui officiel, envers et contre tout, les tentatives de déstabilisation, les abandons et même les trahisons. Le résultat est là : des centaines de disciples dans le cadre du CRB, par-dessus les frontières, fidèles relais de sa passion, confirmant l’impact du Sensei. A la veille de la retraite dans son métier d’enseignant, en juin 2002, c’est déjà là un bilan éloquent, juste récompense de l’effort dans la durée ... 


Désormais, si Sensei continue bien entendu sur la Voie d’un Karatedo classique et traditionnel, il défriche parallèlement depuis une dizaine d’années un nouveau champ d’investigation, et, évidemment (pourquoi changerait-il avec l’âge ...), y trace une nouvelle route, celle d’un Karaté, à la fois ancien et nouveau, puisque bien perdu depuis dans ses dérives sportives et médiatiques, qui retrouverait son authentique “tranchant guerrier” dans un concept élargi, en réponse aux vrais défis de notre temps. Un concept tout à fait original, auquel il a donné le nom de “Tengu no Michi” ... 
C’est qu’il refuse de se laisser enfermer, donc limiter, dans les contraintes d’une école classique (Ryu) mais trop décalée par rapport aux réalités du temps présent.
Rien qu’une nouvelle aventure, à l’automne de sa vie ... et rien de plus, au fond, que la preuve que Sensei réalise effectivement jusqu’au bout les enseignements de la Tradition, dans le plus pur sens du concept ... En attendant la fin de l’année 2001 marque déjà un sacré anniversaire ... un sacré bout de chemin ... un sacré vécu ... un important jalon sur un itinéraire.

Bon anniversaire, Sensei, bon vent pour la suite, et encore merci pour l’exemple et pour tant d’acharnement à “vouloir faire”, jusqu’au bout !

Photos : D. EUGENE
N. BIALOKUR

Vie du CRB  -  Page d'Accueil